Pollution air intérieur.En 2004, un nouveau droit a été défini par la Charte de l'environnement : celui de "vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé".

Faire ainsi entrer l'environnement dans notre constitution, c'est reconnaître la réalité des enjeux sanitaires.

"Home, sweet home" : nous y passons en moyenne 13 heures par jour. Et le reste du temps nous sommes souvent enfermés en espace clos ou semi-clos. Au final, ce sont plus de 22 heures à respirer un air dix fois plus pollué que l'air extérieur (source : mesures de l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur -OQAI en 2010).

Il faut donc considérer que la menace est à la maison où nos activités quotidiennes (cuisine, ménage, bricolage, jardinage, etc.), nos équipements divers (chauffage, installations sanitaires, appareils électroménagers, etc.) nous bombardent de substances chimiques. On en recense 900 dont une trentaine de COV (Composés Organiques Volatils) en moyenne.

Même les matériaux de construction et de décoration (peintures, meubles neufs, moquettes), sont gorgés de molécules néfastes.

Faisons un tour d'horizon des principaux "poisons domestiques " !
Le monoxyde de carbone

C'est la première cause de décès par intoxication en France ou l'on déplore en moyenne une centaine de décès sur 6 000 intoxications constatées. Issu d'une combustion incomplète d'une chaudière, d'un chauffe-eau ou d'un poêle, le monoxyde de carbone se révèle très dangereux. On ne saurait trop recommander aux propriétaires d'appareils trop vieux de redoubler de vigilance.

→ 3 conseils pour prévenir l'intoxication au CO :

1 : Investissez dans un bon détecteur (C'est obligatoire depuis mars 2015).


2 : Faites entretenir votre chaudière tous les ans. Le décret du 9 juin 2009 rend cet entretien obligatoire. Il doit être fait par un professionnel pour les chaudières d'une puissance comprises entre 4 et 4 000 kilowatts.

Il faut aussi procéder à l'entretien des chauffe-bains, inserts, poêles, conduits de fumée, etc.

3 : Reconnaissez les signes d'une intoxication au CO : maux de tête, fatigue, nausées et vomissements. Une seule chose à faire en pareil cas : aérez le logement, éteignez les appareils et quittez les lieux le plus vite possible après avoir appelé les secours.

Les composés organiques volatils (COV)

Ces polluants émis par les matériaux présents dans nos maisons sont la plupart du temps inodores. La contamination de l'air est donc difficile à cerner d'autant que les émanations toxiques, prises isolément, sont légères.

Mais " l'effet cocktail" de ces polluants est indéniable et nocif.

Parmi eux, le formaldéhyde (dérivé de formol de synthèse) est le plus préoccupant. Il est utilisé par les industriels comme désinfectant, fixateur ou liant dans des résines.

Il entre donc dans la composition d'un grand nombre de matériaux de construction et de décoration : panneaux agglomérés/bois collés, MDF ou médium, mélaminés, sols stratifiés et autres dérivés du bois, vernis de parquet, produits nettoyants pour le sol, enduits, peintures, laines minérales, moquettes, tapis ... Bref, des produits très répandus dans nos habitations ; du lit de bébé, au sol de la salle à manger en passant par les meubles de cuisine....

Les effets sur la santé du formaldéhyde se font sentir rapidement (dès 0,06 mg / m3) : irritation des yeux, du nez et de la gorge. Au-delà, des signes neurovégétatifs apparaissent : céphalée, fatigue, troubles de la mémoire ou de l'humeur.

Mais le plus dramatique reste que cette substance augmente le risque de développer certains cancers. Elle est classée comme cancérigène par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) depuis 2004. Malgré ceci, l'Europe n'a toujours pas interdit l'utilisation du COV le plus dangereux dans nos maisons.

Une bonne nouvelle toutefois : il est facile d'éliminer la plus importante source de formaldéhyde dans l'habitat puisqu'il s'agit de la fumée du tabac. Cumulant 4 000 substances dont 10 sont cancérigènes, comme le styrène, le benzène, le dioxyde d'azote, l'ozone, et le formaldéhyde, la fumée du tabac fait exploser la toxicité des autres polluants en venant se fixer sur les surfaces absorbantes (moquettes, tissus, tapis...) qui les réémettent ensuite pendants plusieurs semaines.

Quant à la cigarette électronique, si elle reste éminemment moins toxique que la cigarette classique, elle produirait en revanche du formaldéhyde en cas de surchauffe (source : "Hidden Formaldehyde in E-Cigartte Aerosols" New England journal of Medecine (NEJM) 22 janvier 2015).

→ Comment faire la chasse aux COV ?

Depuis 2013, les COV doivent être inscrits sur l'ensemble des produits de construction et de décoration avec une note allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions). Il s'agit de 10 substances ou valeurs chimiques : formaldéhyde, acétaldéhyde, toluène, tétrachloroéthylène, xylène, 1, 2, 4-triméthylbenzène, 1, 4-dichlorobenzène, éthylbenzène, 2-butoxyéthanol, styrène.

Peu de consommateurs sont en réalité au courant de la signification de ce nouvel étiquetage. Les vendeurs, quant à eux, sont loin d'être formés aux enjeux environnementaux des produits qu'ils proposent.

En outre, cet étiquetage est incomplet puisqu'il ne prend pas en compte l'ensemble des COV.

Enfin, si l'achat A+ reste le plus sûr, il faut savoir que les tests sont souvent effectués trop tardivement, c'est à dire quand les émissions ont commencé de baisser.