1 – Objectif et méthodologie

Afin de dresser un état des lieux de la grande-distribution en période d’inflation, Que Choisir a mené une enquête auprès des magasins de hard-discount à dominante de marque propre et auprès des grandes surfaces classiques afin de disposer d’une base de comparaison. L’objectif de cette enquête était d’évaluer l’offre du hard-discount (ou supermarchés de marque propre) en termes d’assortiment et de politique tarifaire.

Pour cela les enquêteurs de l’UFC Que Choisir ont enquêté dans les magasins des enseignes Lidl, Aldi, Netto, Leader Price ou Norma du 24 septembre au 8 octobre 2022 et ont relevé :

  • La présence ou l’absence d’une centaine de produits de grande marque considérés comme des blockbusters de leur rayon ;
  • Les prix d’un assortiment d’une centaine de produits de marque nationale et de marques propres dans ces magasins.

Parallèlement, les produits des mêmes marques nationales ou des produits de marques de distributeurs équivalentes ont été relevés en ligne dans plus de 9 000 magasins drives d’enseignes de supermarchés (Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Casino, Cora).

Au total au niveau national ce sont 701 magasins visités dans 482 villes de 67 départements dont pour notre association locale 33 dans l’est de l’Hérault (agglomération de Montpellier, vallée de l’Hérault (Gignac, Saint André de Sangonis, Clermont l’Hérault), Lunel, Laroque, Mauguio, La Grande Motte) répartis entre 16 Lidl , 12 Aldi et 5 Netto. Au niveau national les prix de 9 000 drives ont été relevés en ligne. Pour 180 produits recherchés cela représente 28 000 prix relevés en magasin et 550 000 prix relevés en drive !

 

2 – Résultats

Le premier résultat auquel on devrait essayer de répondre est : « Le hard-discount est-ce moins cher ? ». La réponse peut sembler simple mais elle est moins aisée qu’il n’y paraît. En effet, quand peut-on dire qu’un magasin est moins cher qu’un autre ? Si l’assortiment de produits est proche, aucune difficulté, il suffit de comparer les prix de paniers composés des mêmes produits. Mais lorsque les rayonnages n’ont que très peu de références communes, comment conclure ?

C’est la raison pour laquelle, deux informations sont à rechercher : quel assortiment de produits de marques nationales peut-on retrouver en hard-discount et sur les références communes, quel est l’écart de prix avec les supermarchés classiques ?

 

2.1 – L’assortiment en magasin : ce n’est pas l’abondance !

Au sein d’une même enseigne, l’assortiment de produits peut très fortement varier. Sur un nombre total de 65 références sensément commercialisés par l’enseigne, les enquêteurs ont relevé au niveau national un taux de présence moyenne de 41% chez Aldi et 45% chez Lidl. Chez Netto, sur un nombre total de 85 références sensément commercialisés par l’enseigne le taux de disponibilité est légèrement supérieur : 53%.

Ensuite l’assortiment d’un magasin donné par rapport au potentiel de l’enseigne peut être très variable d’un magasin à l’autre suivant sa surface, sa politique commerciale et son environnement concurrentiel. C’est ainsi que pour les 33 magasins enquêtés par notre AL on note que seulement deux ALDI sur 12 et un Netto sur 5 ont un assortiment supérieur à 50% des produits potentiellement présents dans l’enseigne. Par contre sept Lidl sur 16 ont un assortiment supérieur à 50%. Comme Aldi au niveau national est déjà peu pourvu, il ne faut pas compter sur les Aldi de notre région pour y retrouver des marques nationales. Les trois magasins les mieux assortis (plus de 70% de produits présents) sont les Lidl de Vendargues et de Saint André de Sangonis et le Netto de Jacou. A noter aussi que les magasins de Montpellier même, quelle que soit l’enseigne, sont très peu assortis !

 

2.2 – Prix d’un panier premier-prix : pas d’avantage pour le hard-discount !

En réaction au succès rapide du hard-discount, les grandes enseignes classiques ont développé à la fin des années 1990 leur gamme de produits en marque propre. Les gammes premiers prix (MPP) de ces enseignes : Simpl (Carrefour), ECO+ (Leclerc), Pouce (Auchan), Top Budget (ITM) ou Prix Mini (U) ! Un panier de produits en « hard-discount » est composé en majorité de produits en marque propre (MDD). C’est la principale raison d’être de ces magasins où l’assortiment de marques nationales est limité. De ce fait la comparaison de prix de produits Premier prix dans les grandes surfaces et de MDD est périlleux car dans leur composition, ces produits diffèrent. Ceci dit pour un panier de 12 produits au niveau national on obtient le classement suivant en comparant les premiers prix (MPP) des grandes surfaces et les MDD des hards-discounts. Mais le résultat serait différent avec des prix comparables si on comparait les MDD des grandes surfaces et les MDD des hards-discounts.

 

Pour les magasins que nous avons enquêtés dans l’Hérault il est difficile d’établir un prix de panier compte tenu de l’absence de certains produits mais pour ceux présents quand on les compare au prix moyen national de l’enseigne on constate que ces prix sont légèrement inférieurs.

 

2.3 – Prix d’un panier de produits de marques nationales : avantage au hard-discount... sur un assortiment minimaliste !

Sur un panier de produits de marques nationales, les comparaisons sont plus robustes puisqu’elles portent sur les mêmes produits. Néanmoins, comme on l’a vu, la disponibilité des produits de grandes marques est nettement plus faible chez un hard discounter. Dans un magasin HD le nombre de références de produits de marques nationales excèdera rarement 300 contre plus de 5 000 en moyenne dans un hypermarché d’une enseigne classique. Notons en outre, que assez souvent, les enseignes de HD proposent des conditionnements spécifiques qu’on ne retrouvent pas ailleurs ce qui complexifie les comparaisons de prix pour les consommateurs...

Les prix d’un panier de 137 produits ont été comparés entre les différentes enseignes où ces produits étaient commercialisés. Le panier a été constitué sur la base de produits effectivement disponibles en hard-discount (Aldi, Colruyt, Lidl, Netto). L’étude est basée sur des relevés de prix effectués en magasins HD et ceux des Drives relevès sur Internet.

 

En moyenne, quand les produits de grandes marques sont proposés en HD (Aldi, Lidl, Netto), ils le sont à un prix légèrement inférieur à la concurrence. Néanmoins, l’écart reste infime au regard des prix d’un Leclerc ou d’un Hyper U où l’assortiment sera bien plus large. Pour les magasins que notre AL a enquêté dans l’Hérault il est difficile d’établir une comparaison sur un panier complet compte tenu de l’absence de certaines marques mais pour celles présents on constate que les prix sont assez inférieurs à ceux obtenus en moyenne au niveau national.

 
3 - Conclusion : le hard-discount est-ce vraiment moins cher ?

Toute chose égale par ailleurs, l’écart de prix entre le hard-discount et la grande distribution dite-classique n’est ainsi pas spectaculaire :

  • L’offre de produits en marque propre (MDD) des hard-discounters n’est pas moins chère que l’offre Premier prix (MPP) des enseignes classiques. Resterait à prendre en compte la qualité respective des produits ;
  • L’offre de marques nationales présente un avantage tarifaire. Néanmoins, cet avantage reste limité sur un assortiment réduit ! Mais c’est bien ici que se situe la principale source d’économies du hard-discount ! Si on y dépense moins c’est parce qu’on remplit son panier de produits moins chers en privilégiant les marques de l’enseigne au détriment des marques nationales !

L’offre de produits de marques nationales se paie effectivement au prix fort. Lors de l’enquête les produits de marques nationales évalués coûtaient en moyenne le double des produits premiers prix pour un gain de qualité qui n’était pas toujours garanti...

A la question le HD est-il moins cher, on peut répondre « pas nécessairement mais à la sortie votre panier sera quand même probablement moins coûteux. »

 

Les pompes funèbres c’est un secteur que l’UFC Que Choisir surveille de près, que ce soit pour le coût des prestations, le respect de la réglementation pour les contrats signés sans parler des contrats d’assurance obsèques que l’on vous invite à signer pour décharger vos héritiers.

Pour suivre ce secteur et ses plus ou moins bonnes pratiques nous réalisons régulièrement des enquêtes. Pour actualiser celle de 2014 nous en avons réalisé une nouvelle entre le 23 mars et le 6 avril 2019.  104 associations locales de l’UFC Que Choisir y ont participé enquêtant 664 magasins au niveau national dont la nôtre pour 9 dans l’agglomération de Montpellier. L’enquête portait sur les prix pour une inhumation ou une crémation, cherchait à obtenir un devis de la part du magasin et le questionnait sur les contrats d’assurance obsèques qu’il pouvait proposer. Les résultats nationaux sont publiés dans le dernier n° de Que Choisir de novembre 2019.

 
1 – Affichage des prix, devis : des règles mal respectées
La réglementation oblige une société de pompes funèbres à mettre une documentation constamment à la vue de la clientèle, consultable par elle, précisant notamment les prestations rendues obligatoires  pour une inhumation ou une crémation et les prix correspondants. On est loin du compte : dans 70% des cas nos enquêteurs n’ont rien vu de tout cela !

Quant aux devis chaque entreprise est censée en fournir un gratuitement suivant un modèle fixé par la réglementation en trois colonnes. La première détermine les prix des prestations obligatoires : transport du corps, cercueil, inhumation ou crémation. La seconde les prestations optionnelles (soin du corps, maitre de cérémonie...) et la troisième celles réalisées par l’entreprise pour le compte de la famille.  En 2014, 26% des entreprises ne fournissaient pas de devis. On note en 2019 un très léger mieux avec 22%. Les refus opposés s’appuient sur des tas d’arguments : documents administratifs manquants (?), envoi ultérieur et même devis payant... ou conditionné à la signature d’un contrat.

Quant au respect du devis type réglementaire on est loin du compte : 65% ne le sont pas, 29% plus ou moins et seuls 6% sont vraiment conformes. De ce fait l’opacité de ces devis ne facilite pas la comparaison et la mise en concurrence !

Parmi les différents réseaux enquêtés on notera que OGF (20% du marché avec comme enseignes PFG, Dignité funéraire, Roblot...) est la moins en accord avec la réglementation.

 
2 – Des obsèques de plus en plus chères
Le prix moyen d’une inhumation ressort à 3815 € et celui d’une crémation à 3986 € soit 13% et 10% de plus que les prix moyens relevés en 2014, alors que l’inflation sur ces cinq dernières années n’a été que de 3,9 %. Mais cette moyenne cache de nombreuses disparités :
  • Entre les différents réseaux : inhumation ou crémation OGF est chaque fois le plus cher devant le réseau Funecap (Roc-Eclerc, Pascal Leclerc...), les indépendants et le Choix Funéraire. Pour l’inhumation le prix varie de 4734 € à 3337 € et pour la crémation de 4250 € à 3489 €.
  • Entre les régions de l’Ile de France la plus chère à la Nouvelle Aquitaine la moins chère.
  • Entre des prestations qui devraient être assez voisines. Qu’est ce qui peut expliquer que les démarches administratives soient facturées de 59 €… à 840 € ou que les frais liés au crématorium varient entre 297 € et 1185 € !
 
3 – Contrats d’assurance obsèques : opacité et abus !
Nos enquêteurs devaient aussi interroger les entreprises sur les contrats d’assurance obsèques qu’elles pouvaient leur proposer. Au-delà de l’intérêt discutable de ce type de contrats, l’enquête cherchait à déterminer la qualité de l’information délivrée aux souscripteurs.

Pour faire face au coût de ses obsèques, s’assurer de certaines prestations, et ne pas laisser cela a la charge de ses héritiers il existe plusieurs solutions :

1 – la plus simple, qui ne nécessite aucun contrat, est de laisser une somme d’argent suffisante à ses proches en leur ayant fait connaître éventuellement vos souhaits. Ce sont eux qui vont respecter vos volontés, choisir un opérateur et organiser les obsèques avec l’argent disponible. Le coût de celles-ci peut être directement réglé par votre banque à l’opérateur choisi sur présentation de la facture dans la limite de 5000 €.

2 – souscrire un contrat d’assurance-vie en capital. A votre décès la somme sera versée au bénéficiaire désigné comme tout contrat d’assurance-vie. Mais celui- ci reste libre d’en faire ce qu’il veut !

3 – souscrire un contrat d’assurance obsèques pour l’organisation de vos funérailles. Dans ce cas le montant du contrat ne peut être utilisé que pour l’organisation de vos obsèques et va mettre en jeu un opérateur funéraire et un assureur. C’est à ce type de contrat, qui pose de nombreuses questions, que notre enquête s’est intéressé.  Il existe deux types de contrat :

3.1 – ceux en capital, majoritairement souscrits (77% des cas). La somme épargnée est mise à disposition de la personne (physique ou morale) désignée : à charge pour elle de se faire rembourser par l’assureur les frais engagés sur justificatifs. Ces contrats ne prévoient aucune prestation funéraire : celles-ci seront choisies par la personne désignée pour l’organisation des obsèques.

3.2  ceux en prestations (23% des cas). Dans ce cas le contenu des prestations doit être détaillé et personnalisé et faire l’objet d’un devis. Ce type de contrat est normalement celui qui vous garantit le mieux que vos volontés seront respectées.

Ces contrats obsèques peuvent être truffés de pièges dus bien souvent à un manque d’information fourni lors de leurs souscriptions. C’est pourquoi nos enquêteurs devaient poser des questions précises :

  • Le contrat prévoit-il un délai de carence : ce délai peut être de plusieurs mois ou années ce qui implique que les prestations ne seront pas assurées, sauf exception, si le décès intervient pendant ce délai.
  • Y a-t-il une revalorisation du capital ? Celle-ci est obligatoire comme pour tout contrat d’assurance-vie en euros et doit être porté chaque année à la connaissance du souscripteur.
  • Puis-je modifier en cours du contrat le prestataire de pompes funèbres choisi ? Il est illégal d’interdire cette modification.
  • Que se passe-t-il si le montant du contrat au moment du décès est insuffisant pour couvrir le coût des obsèques : les familles doivent-elles payer la différence ou au contraire est-elle prise en charge par l’assureur ? Et si le montant est supérieur au coût : la différence est-elle remboursée aux familles ?

Au vu des réponses apportées à nos enquêteurs on est loin d’une information claire : 25% des conseillers ont oublié de mentionner la revalorisation du capital, 33% ont assuré que le changement de prestataire n’était pas possible (ou alors en restant dans le même réseau ou le même groupe). En cas de montant insuffisant 34% ont annoncé que les conseillers devaient payer le complément, 30% qu’il était pris en charge par l’assureur et 14% ont assuré que ce cas de figure n’était pas possible ! A l’inverse si le montant est supérieur au coût seul un conseiller sur deux a assuré que le surplus serait versé aux familles !

 
4 – En guise de conclusion et de conseils
Notre enquête confirme malheureusement des résultats déjà notés lors de la précédente en 2014 : une hausse des coûts supérieure à l’inflation, un respect de la réglementation insuffisant (affichage des prix, respect du devis type, information des consommateurs, etc...).  Aussi nous ne pouvons que renouveler les conseils suivants :
  • Anticipez et essayez de prévoir les funérailles dans la mesure du possible. Le contrat obsèques peut être une solution en étudiant bien les diverses solutions.
  • N’hésitez pas à comparer et à demander plusieurs devis différents.
  • Préparez avec votre entourage le type d’obsèques souhaitées (inhumation ou crémation, prestations souhaitées…) et informez-le de la souscription d’un contrat éventuel.
  • Si vous souscrivez un contrat (est-ce bien utile ?), renseignez-vous avant sur les différents types de contrats et soyez attentifs à certaines clauses (revalorisation, rachat, changement de prestataire, exécution de celui-ci au décès, etc.).
  • Et pour en savoir plus consultez attentivement notre guide funéraire qui vous aidera à préparer des obsèques que ce soit les vôtres ou celles de vos proches.

 

L’enquête a eu lieu entre le 16 et le 30 novembre 2019 dans les magasins de hard-discount (HD)(Aldi, Leader Price, Lidl, Netto). Les enquêteurs de notre AL ont visité une vingtaine de magasins de la Métropole de Montpellier et de l’est de l’Hérault. Au niveau national les prix ont été relevés dans 1115 magasins dans 73 départements. L’objectif de l’enquête était d’établir une comparaison avec les prix dans les grandes surfaces alimentaires traditionnelles (GSA) (Leclerc, Carrefour, Casino, Auchan,…). Les prix de ces derniers ont été relevés via leur site drive par l’Observatoire de la consommation de l’UFC Que Choisir.

Le panier comportait 50 produits de 7 rayons (droguerie-parfurmerie-hygiène, frais non laitiers, surgelés, épicerie salée, épicerie sucrée, laitages, boissons) : 43 sont sous marques de distributeur (MDD), 7 de marques nationales. Pour calculer sa valeur globale,  des coefficients de pondération  ont été appliqués selon la nature des enseignes.

 
1 - Qui est le moins cher ?

En moyenne le prix du panier est 10% moins cher dans le HD que dans les GSA ( 112 € au lieu de 123 €) mais les prix par enseigne montrent que l’écart est parfois mince et peuvent se chevaucher entre HD et GSA puisque Leader Price se retrouve plus cher que Leclerc, Intermarché ou Carrefour.

 

LIDL

ALDI

NETTO

LECLERC

INTERMARCHE

CARREFOUR

LEADER PRICE

SUPER U

AUCHAN

GEANT CASINO

CASINO SUPER

108

109

113

115

122

124

126

127

127

133

147

 
2 – Un secteur en pleine évolution
Le hard-discount est depuis quelques temps l’objet de profonds changements. Les enseignes de HD  essaient de s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs : produits frais, bios, bon rapport qualité prix. D’ailleurs elles ne veulent plus qu’on les désigne sous le vocable hard-discount mais plutôt « enseignes (ou supermarchés) à dominante marque propre (EDMP ou SDMP). Leur communication change pour répondre à une demande de consommation différente prenant plus en compte les enjeux sociétaux et environnementaux : voir par exemple la campagne de publicité d’Aldi sur « le nouveau consommateur ». Enfin elles essaient de se détacher de leur image HD  (magasins peu agencés à la logistique sommaire) en montant en gamme : magasins plus agencés, linéaires soignés, produits frais (boulangerie) ou régionaux, etc. Lidl est l’exemple le plus frappant de cette montée en gamme. Par  ailleurs des restructurations se dessinent : Aldi est sur le point de racheter Leader Price à Casino, Netto modifie ses magasins avec plus de produits en vrac et bios. Résultat : la part de marché des GSA est en baisse au profit des boutiques bios, des circuits courts mais aussi du HD en hausse avec en tête Lidl.
 
3 – Un modèle basé sur les marques de distributeurs (MDD)
Les MDD fondent le particularisme des hard-discounters. Elles envahissent les rayons de Lidl ou d’Aldi à 90 %, ceux de Netto, à 80 %. Tous admettent, cependant, ne pas pouvoir se passer de quelques produits d’appel, tels Coca-Cola, Ariel ou Nutella, pour attirer le chaland. Mais c’est bien grâce à leurs MDD que ces enseignes de maxi-discompte restent attractives. Y acheter des marchandises de grandes marques ne vous fera pas faire d’économies. Les GSA classiques l’ont bien compris et augmentent progressivement leurs offres en marques propres, surtout depuis l’adoption de la loi Alimentation du 30 octobre 2018. À l’heure où les discounters gagnent des parts de marché et où les supermarchés traditionnels souffrent d’un désamour progressif de leur clientèle, le lissage entre MDD et GSA devrait s’intensifier. Et finalement à contrario du consommateur qui prône la différenciation et le changement, la grande distribution alimentaire, elle, opte pour l’uniformisation.

Les MDD c’est quoi ? Selon l’article R. 412-47 du code de la consommation, un produit vendu sous MDD a des « caractéristiques […] définies par l’entreprise […] qui en assure la vente au détail et qui est le titulaire de la marque sous laquelle il est vendu ». Exemptées de frais de promotion et de publicité, les références distribuées sous MDD coûtent environ 30 % moins cher que celles des marques nationales. Souvent les MDD sont fabriqués dans les mêmes usines que les produits de marque avec parfois quelques différences dans la composition. Ce qui n’empêche pas les MDD de se comparer favorablement aux marques des grands industriels, comme le prouvent ­régulièrement nos tests.

 

L’UFC Que Choisir vient de publier dans le n° 583 (septembre 2019) de Que Choisir, les résultats d’une vaste enquête sur les produits bio qui a porté sur :
  • La présence de pesticides dans certains produits bios et non-bios ;
  • La qualité nutritionnelle de certains produits bios ultra-transformés ;
  • Les fraudes éventuelles et les contrôles réalisés par les services de la DGCCRF ;
  • Et enfin sur les prix d’un panier de produits bios en comparant pour ce panier les prix du panier entre produits bios en non bios dans les grandes surfaces (GS) et pour les produits bios les prix entre les GS et les magasins spécialisés (MS). Notre association locale a participé à cette enquête en relevant les prix dans 13 MS de l’agglomération de Montpellier et de Clermont l’Hérault.

Avant de présenter les résultats locaux de notre enquête voici les principaux résultats de l’enquête nationale que vous pouvez retrouver de manière plus détaillée dans le numéro de septembre 2019 de Que Choisir ou sur notre site national (liens ci-dessous – certains réservés aux abonnés).

 
1 – Présence de pesticides dans des produits bios et non-bios
Elle a été recherchée dans cinq familles de produits (13 pommes de terre, 12 endives, 14 clémentines, 14 lentilles et 11 ananas). Sur ces 64 produits  74% des non-bios étaient contaminés par au moins un résidu de pesticides contre seulement 5% des bios et pour ceux-ci la contamination pourrait être accidentelle après récolte (lors du transport ou du stockage). Ces chiffres corroborent ceux d’une enquête plus large de l’EFSA (Autorité de Européenne  de Sécurité des Aliments) qui obtenaient une contamination pour 44% des produis non-bios et 6% des produits bios. Pour en savoir plus.
 
2 – Qualité nutritionnelle des produits bios ultra-transformés
Le mot bio ne fait pas tout ! De plus en plus de produits bios s’avèrent ultra-transformés et dotés d’un mauvais profil nutritionnel et ce au risque de perdre leur intérêt pour la santé.  La consommation de produits ultra-transformés grimpe en flèche pour différentes raisons et de récentes études ont souligné l’impact de leur consommation sur la santé et la mortalité. Les produits bios ultra-transformés n’échappent pas à cette critique et présentent trop souvent un mauvais score nutritionnel. Dit autrement manger bio ne protège pas du mal-manger. Pour en savoir plus.
 
3 – Fraudes : menaces sur les contrôles
La surveillance des produis issus de l’agriculture biologique repose sur un double contrôle : avant la commercialisation par des organismes certificateurs privés et après la mise en vente par les inspecteurs de la DGCCRF (Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes). Mais ces derniers pourraient voir leur rôle amoindri. Une note interne que l’UFC Que Choisir a pu consulter retire aux agents de la DGCCRF la mission d’enquêter en cas de découverte de résidus de pesticides dans des aliments bio. Cette fonction serait désormais confiée aux organismes certificateurs privés qui ont des pouvoirs d’investigation et de sanctions beaucoup plus limités. Pour en savoir plus.
 
4 – Prix des produits bios et non-bios dans les grandes surfaces les magasins spécialisés
L’objectif de l’enquête était de comparer le prix d’un panier représentatif de la consommation des français de produits alimentaires entre :
  • Un panier bio et un non-bio dans les grandes surfaces (GS) ;
  • Un panier bio dans les GS et un panier bio dans les magasins spécialisés (MS).

Le panier était  composé de 39 produits (fruits, légumes, produits laitiers, viande...) dont les prix sont pondérés en fonction de leur poids dans la consommation d’un ménage. Les prix ont été relevés sur les sites de 3350 grandes surfaces entre le 26/01/2019 et le 9/02/2019. En parallèle les enquêteurs de l’UFC Que Choisir ont relevé les  prix dans 712 magasins spécialisés (dont pour notre association locale 13 MS de l’agglomération de Montpellier et de Clermont l’Hérault).

 

4.1- Principaux résultats au niveau national

  • La disponibilté de produits bio (sur les 39 produits de notre panier) est plus importante dans les MS (66%) que dans les GS (49%). Cette offre s’élargit néanmoins en GS par rapport à une enquête de 2017 mais elle est très variable suivant les enseignes (de 63% chez Auchan à 30% chez Intermarché). Dans les MS la disponibilité est moins variable entre enseignes.
  • Le bio 80% plus cher. Le prix moyen du panier non bio dans les GS est de 86 € contre 155 € pour le panier bio ( GS et MS confondus) soit un surcoût de 80% . Mais cet écart s’est réduit de 10% depuis l’enquête de 2017, les prix des produits bio n’ayant presque pas augmenté (+ 1%) au contraire des non-bios (+3,7%).
  • Des écarts de prix significatifs entre le panier bio en GS et celui en MS. Le prix moyen du panier bio dans les GS est de 133 € contre 169 € dans les MS soit + 27%.
  • Un écart de prix au bénéfice des MS pour les fruits et légumes. Le prix  moyen du panier  bio dans les MS est de 25 € contre 31 € dans les GS (et de 16 € pour des produits non-bios). Par contre hors fruits et légumes le panier bio moyen est de 102 € pour les GS  (70 € pour les produits non-bios) et de 144 € pour les MS. Au vu de ce résultat on ne peut qu’inviter les consommateurs à se fournir en fruits et légumes bios dans les magasins spécialisés ou dans des circuits courts ( notre enquête sur les circuits courts).
  • Dans les GS des écarts significatifs entre enseignes. Le prix moyen du panier bio varie de 127 € à 148 € suivant les enseignes (Leclerc : 127, Carrefour : 131, Intermarché : 133, Auchan et Cora : 136, U : 139 et Casino : 148).
  • Dans les MS la variation entre enseignes est assez faible. Le prix moyen varie de 163 € pour la moins chère (Satoriz) à 178 € (BioC’Bon). Enseignes les moins chères : Satoriz, L’Eau Vive, NaturéO, Biocoop , La Vie  Claire et les plus chères : Naturalia, Biomonde et Bioc’Bon. Pour en savoir plus sur les résultats nationaux.

 

4.2- Les marges excessives de la grande distribution sur les fruits et légumes

Le fait que l’écart de prix pour les fruits et légumes bio soit au bénéfice des MS, à la différence des autres produits bio, amène à s’interroger sur la marge excessive  pratiquée par les GS.  Nous avions déjà dénoncé cela il y a deux ans ! Nous avons procédé à une nouvelle évaluation de la marge brute des GS sur un certain nombre de produits et force est de constater que la situation n’a guère évolué ! Si pour quelques produits la marge brute entre un produit bio et un non-bio (ex : oignons) est voisine, elle explose pour d’autres produits (+83% pour les pommes de terre , 109% pour les tomates, 149% pour les pommes et jusqu’à 165% pour le poireaux !). Nous estimons que ces sur-marges se traduisent pour un ménage se fournissant en fruits et légumes bio dans les GS par un surcoût annuel de l’ordre d’une centaine d’euros. La grande distribution a bien sûr contesté avec différents arguments notre étude, mais ceux-ci sont tout à fait contestables et nous demandons aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour améliorer la transparence sur la formation des marges. Pour en savoir plus.

 
Prix des produits bio dans les magasins spécialisés (MS) de l’est-Hérault
Les enquêteurs bénévoles de notre association locale ont relevé les prix du panier de 39 produits dans 13 MS de l’agglomération de Montpellier et de Clermont l’Hérault. Le tableau ci-dessous donne pour chaque MS le prix du panier moyen et pour la part fruits et légumes et celle hors fruits et légumes le positionnement en prix ( très bon marché ***, bon marché **, modéré*, cher ♦, très cher ♦♦).

Comparé aux résultats nationaux le prix moyen pour les 13 MS est de 170 € contre 169 €. Le prix du panier varie de 158 € pour l’enseigne la moins chère (Comptoirs de la Bio à Clermont l’Hérault) à 186 € pour la plus chère (La Vie Saine à Montpellier). Les prix du panier fruits et légumes sont assez variables puisqu’on va du « très bon marché » (La Vie Claire) au très cher (La Vie Saine et Naturalia) alors que ceux du panier hors fruits et légumes sont plus resserrés. Sachant que le panier de fruits et légumes est en moyenne moins cher dans les MS que dans les GS (cf. ci-dessus) nous ne pouvons qu’inciter les consommateurs à mettre en concurrence GS et MS et MS entre elles, sans oublier des produits bios accessibles dans des circuits courts et sur les marchés.