L’UFC Que Choisir vient de publier dans le n° 583 (septembre 2019) de Que Choisir, les résultats d’une vaste enquête sur les produits bio qui a porté sur :
  • La présence de pesticides dans certains produits bios et non-bios ;
  • La qualité nutritionnelle de certains produits bios ultra-transformés ;
  • Les fraudes éventuelles et les contrôles réalisés par les services de la DGCCRF ;
  • Et enfin sur les prix d’un panier de produits bios en comparant pour ce panier les prix du panier entre produits bios en non bios dans les grandes surfaces (GS) et pour les produits bios les prix entre les GS et les magasins spécialisés (MS). Notre association locale a participé à cette enquête en relevant les prix dans 13 MS de l’agglomération de Montpellier et de Clermont l’Hérault.

Avant de présenter les résultats locaux de notre enquête voici les principaux résultats de l’enquête nationale que vous pouvez retrouver de manière plus détaillée dans le numéro de septembre 2019 de Que Choisir ou sur notre site national (liens ci-dessous – certains réservés aux abonnés).

 
1 – Présence de pesticides dans des produits bios et non-bios
Elle a été recherchée dans cinq familles de produits (13 pommes de terre, 12 endives, 14 clémentines, 14 lentilles et 11 ananas). Sur ces 64 produits  74% des non-bios étaient contaminés par au moins un résidu de pesticides contre seulement 5% des bios et pour ceux-ci la contamination pourrait être accidentelle après récolte (lors du transport ou du stockage). Ces chiffres corroborent ceux d’une enquête plus large de l’EFSA (Autorité de Européenne  de Sécurité des Aliments) qui obtenaient une contamination pour 44% des produis non-bios et 6% des produits bios. Pour en savoir plus.
 
2 – Qualité nutritionnelle des produits bios ultra-transformés
Le mot bio ne fait pas tout ! De plus en plus de produits bios s’avèrent ultra-transformés et dotés d’un mauvais profil nutritionnel et ce au risque de perdre leur intérêt pour la santé.  La consommation de produits ultra-transformés grimpe en flèche pour différentes raisons et de récentes études ont souligné l’impact de leur consommation sur la santé et la mortalité. Les produits bios ultra-transformés n’échappent pas à cette critique et présentent trop souvent un mauvais score nutritionnel. Dit autrement manger bio ne protège pas du mal-manger. Pour en savoir plus.
 
3 – Fraudes : menaces sur les contrôles
La surveillance des produis issus de l’agriculture biologique repose sur un double contrôle : avant la commercialisation par des organismes certificateurs privés et après la mise en vente par les inspecteurs de la DGCCRF (Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes). Mais ces derniers pourraient voir leur rôle amoindri. Une note interne que l’UFC Que Choisir a pu consulter retire aux agents de la DGCCRF la mission d’enquêter en cas de découverte de résidus de pesticides dans des aliments bio. Cette fonction serait désormais confiée aux organismes certificateurs privés qui ont des pouvoirs d’investigation et de sanctions beaucoup plus limités. Pour en savoir plus.
 
4 – Prix des produits bios et non-bios dans les grandes surfaces les magasins spécialisés
L’objectif de l’enquête était de comparer le prix d’un panier représentatif de la consommation des français de produits alimentaires entre :
  • Un panier bio et un non-bio dans les grandes surfaces (GS) ;
  • Un panier bio dans les GS et un panier bio dans les magasins spécialisés (MS).

Le panier était  composé de 39 produits (fruits, légumes, produits laitiers, viande...) dont les prix sont pondérés en fonction de leur poids dans la consommation d’un ménage. Les prix ont été relevés sur les sites de 3350 grandes surfaces entre le 26/01/2019 et le 9/02/2019. En parallèle les enquêteurs de l’UFC Que Choisir ont relevé les  prix dans 712 magasins spécialisés (dont pour notre association locale 13 MS de l’agglomération de Montpellier et de Clermont l’Hérault).

 

4.1- Principaux résultats au niveau national

  • La disponibilté de produits bio (sur les 39 produits de notre panier) est plus importante dans les MS (66%) que dans les GS (49%). Cette offre s’élargit néanmoins en GS par rapport à une enquête de 2017 mais elle est très variable suivant les enseignes (de 63% chez Auchan à 30% chez Intermarché). Dans les MS la disponibilité est moins variable entre enseignes.
  • Le bio 80% plus cher. Le prix moyen du panier non bio dans les GS est de 86 € contre 155 € pour le panier bio ( GS et MS confondus) soit un surcoût de 80% . Mais cet écart s’est réduit de 10% depuis l’enquête de 2017, les prix des produits bio n’ayant presque pas augmenté (+ 1%) au contraire des non-bios (+3,7%).
  • Des écarts de prix significatifs entre le panier bio en GS et celui en MS. Le prix moyen du panier bio dans les GS est de 133 € contre 169 € dans les MS soit + 27%.
  • Un écart de prix au bénéfice des MS pour les fruits et légumes. Le prix  moyen du panier  bio dans les MS est de 25 € contre 31 € dans les GS (et de 16 € pour des produits non-bios). Par contre hors fruits et légumes le panier bio moyen est de 102 € pour les GS  (70 € pour les produits non-bios) et de 144 € pour les MS. Au vu de ce résultat on ne peut qu’inviter les consommateurs à se fournir en fruits et légumes bios dans les magasins spécialisés ou dans des circuits courts ( notre enquête sur les circuits courts).
  • Dans les GS des écarts significatifs entre enseignes. Le prix moyen du panier bio varie de 127 € à 148 € suivant les enseignes (Leclerc : 127, Carrefour : 131, Intermarché : 133, Auchan et Cora : 136, U : 139 et Casino : 148).
  • Dans les MS la variation entre enseignes est assez faible. Le prix moyen varie de 163 € pour la moins chère (Satoriz) à 178 € (BioC’Bon). Enseignes les moins chères : Satoriz, L’Eau Vive, NaturéO, Biocoop , La Vie  Claire et les plus chères : Naturalia, Biomonde et Bioc’Bon. Pour en savoir plus sur les résultats nationaux.

 

4.2- Les marges excessives de la grande distribution sur les fruits et légumes

Le fait que l’écart de prix pour les fruits et légumes bio soit au bénéfice des MS, à la différence des autres produits bio, amène à s’interroger sur la marge excessive  pratiquée par les GS.  Nous avions déjà dénoncé cela il y a deux ans ! Nous avons procédé à une nouvelle évaluation de la marge brute des GS sur un certain nombre de produits et force est de constater que la situation n’a guère évolué ! Si pour quelques produits la marge brute entre un produit bio et un non-bio (ex : oignons) est voisine, elle explose pour d’autres produits (+83% pour les pommes de terre , 109% pour les tomates, 149% pour les pommes et jusqu’à 165% pour le poireaux !). Nous estimons que ces sur-marges se traduisent pour un ménage se fournissant en fruits et légumes bio dans les GS par un surcoût annuel de l’ordre d’une centaine d’euros. La grande distribution a bien sûr contesté avec différents arguments notre étude, mais ceux-ci sont tout à fait contestables et nous demandons aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour améliorer la transparence sur la formation des marges. Pour en savoir plus.

 
Prix des produits bio dans les magasins spécialisés (MS) de l’est-Hérault
Les enquêteurs bénévoles de notre association locale ont relevé les prix du panier de 39 produits dans 13 MS de l’agglomération de Montpellier et de Clermont l’Hérault. Le tableau ci-dessous donne pour chaque MS le prix du panier moyen et pour la part fruits et légumes et celle hors fruits et légumes le positionnement en prix ( très bon marché ***, bon marché **, modéré*, cher ♦, très cher ♦♦).

Comparé aux résultats nationaux le prix moyen pour les 13 MS est de 170 € contre 169 €. Le prix du panier varie de 158 € pour l’enseigne la moins chère (Comptoirs de la Bio à Clermont l’Hérault) à 186 € pour la plus chère (La Vie Saine à Montpellier). Les prix du panier fruits et légumes sont assez variables puisqu’on va du « très bon marché » (La Vie Claire) au très cher (La Vie Saine et Naturalia) alors que ceux du panier hors fruits et légumes sont plus resserrés. Sachant que le panier de fruits et légumes est en moyenne moins cher dans les MS que dans les GS (cf. ci-dessus) nous ne pouvons qu’inciter les consommateurs à mettre en concurrence GS et MS et MS entre elles, sans oublier des produits bios accessibles dans des circuits courts et sur les marchés.