Le Grenelle de l’environnement en 2009 et la nouvelle loi de Transition énergétique pour la croissance verte (2015) ont fixé des objectifs ambitieux :
Dans la mesure où le secteur du bâtiment représente 45% de la consommation énergétique de la France en 2014, vouloir diviser par deux notre consommation finale d’énergie suppose un effort significatif dans la rénovation énergétique des bâtiments existants et dans l’amélioration des performances énergétiques des nouvelles constructions. Pour cela différentes mesures à caractère collectif ou individuel sont inscrites dans la loi. Pour la rénovation énergétique des bâtiments existant l’objectif est de 500 000 logements rénovés par an dont 380 000 dans le parc privé à partir de 2017 en vue d’atteindre en 2050 un parc immobilier totalement rénové. Est-ce un objectif réaliste ? Dans une étude récente l’UFC Que Choisir a mis en doute sa réalisation compte tenu d’un certain nombre de facteurs. |
1 – Un parc de logements anciens et énergivores et un nombre insuffisant de rénovations |
2,3% seulement des 27 millions de résidences principales en France en 2012 sont classées A ou B pour leurs performances énergétiques (mois de 80kWh/an/m2 consommés) et 30,7% sont classés F ou G soit une consommation 4 à 6 fois plus importante qu’un logement classé A (source enquête Phebus 2013). L’objectif de 400 000 logements à rénover en 2013 n’a pas été atteint (380 000 rénovations) et il est à craindre qu’il ne le soit pas en 2017. De plus les projections s’appuient au vu du type de travaux effectués sur un niveau de performance probable et non celui atteint après travaux. |
2 – La baisse de la consommation se fait attendre |
Rénovation et autres mesures (équipements moins énergivores, incitation aux économies d’énergie...) devraient permettre de réduire de 38% la consommation d’énergie des bâtiments d’ici 2020. La baisse est bien là : d’environ 2,5% par an entre 2009 et 2014 mais il faudrait une baisse plus significative (d’environ 4,5% par an) pour atteindre l’objectif. Dans un bâtiment le chauffage représente en moyenne 68% de la consommation d’énergie suivi par les équipements domestiques (16%), la production d’eau chaude (10%) et la cuisson (6%). Si on note une légère baisse de la consommation due à la cuisson et eaux chaudes et une plus significative de celle des équipements domestiques moins énergivores, celle du chauffage qui est l’enjeu le plus important ne baisse pas assez, ce qui est le signe de rénovations insuffisantes et pas assez performantes. Enfin la baisse de la consommation énergétique du bâti existant doit aussi compenser l’augmentation du nombre de logements (environ 300 000 par an) qui bien que plus performants… ne sont pas pour l’instant à énergie positive (produisant plus ou autant d’énergie qu’ils n’en consomment). |
3 – Des rénovations inadaptées et insuffisamment performantes |
Dans un logement énergivore (construit avant les premières réglementations thermiques) les déperditions d’énergie sont dues dans l’ordre à la toiture (30%), aux murs (25%), à la ventilation (20%) aux ouvrants (portes et fenêtres) (13%), au sol (7%) et aux ponts thermiques (5%) (source Ademe). On pourrait donc penser que les travaux de rénovation touchent en premier lieu à l’enveloppe du bâtiment (murs et toitures). Or il n’en est rien. Le premier poste de travaux reste celui des portes et fenêtres et de plus dans ces changements d’ouvrants seuls 30% atteignent le niveau de performance requis ! Quant aux travaux sur les murs et sur les combles et toitures seuls 17% des premiers et 47% des seconds sont considérés par l’ADEME comme très performants. Au total tous travaux confondus seuls 32% atteignent une performance élevée. Ces piètres résultats sont pour une bonne part la conséquence d’un conseil pas toujours avisé de professionnels pourtant «titulaires» de certifications ad-hoc , comme l’ont montré de récentes enquêtes de l’UFC Que Choisir. |