L’eau appartient à tous, et en premier lieu aux milieux naturels (sols, végétaux et insectes, animaux…). Les milieux naturels nous nourrissent et répondent à nos besoins. Pas d’activité humaine, économique sans l’environnement offert par les milieux.
Nous devons donc intégrer nos activités à ce qui nous entoure et ne pas imposer nos besoins immédiats aux sols, aux rivières, aux nappes et aux océans. Or, nos appétits déséquilibrent les fragiles régulations du vivant et provoquent sécheresses, inondations, pénuries, artificialisations des sols et des cultures.
La Cour des Comptes estime nécessaire une réforme du modèle agricole. Pour l’eau, seule une stratégie déterminée de réduction des prélèvements et d’utilisation raisonnée est susceptible d’assurer sa protection à long terme. Les prélèvements par EDF peuvent poser problème. Les projets de méga bassines exacerbent les conflits d’usage.
La charge des redevances est injustement répartie, elle est supportée à hauteur de 75 % par les particuliers qui ne représentent pourtant que 16 % des prélèvements.
Dans le Pyrénées-Orientales, l’hydrogéologue Henri Got regrette la non-prise en compte de la parole scientifique. La crise a commencé en 2022, avec une sècheresse qui dure depuis 1 année et demie. Les agriculteurs se sont tournés vers les forages qui affectent les nappes phréatiques, puis la nappe profonde. Le tourisme, les retenues d’eau alimentées par les rivières et les canaux, les eaux usées.
Mais le stockage est limité, et cette eau alimente l’étang de Leucate afin qu’il bénéficie d’une moindre salinité (conchyliculture). La désalinisation est chère, coûteuse en énergie et problématique pour l’environnement (faune marine fragilisée). Les mises en garde alertent pourtant depuis 30 ans avec, en particulier avec l’étude sur la vulnérabilité des ressources en eau (rapport Vulcain).
La Cour de Comptes pointe du doigt la Nouvelle-Aquitaine. Le modèle agricole et sa gourmandise en eau se pose. L’interdiction de l’irrigation de la culture est évoquée.
Dans les Deux-Sèvres, six experts de l’ONU prennent fait et cause pour les opposants aux bassines. Ils s’inquiètent du sort réservé aux opposants. Ils affirment que les financements liés à l’eau en agriculture doivent être massivement réorientés vers le soutien et le développement de pratiques permettant de retenir l’eau dans les sols, la protection de l’eau et l’économie des ressources. La lutte contre ces infrastructures se joue aussi devant la justice par la Ligue de protection des oiseaux, la fédération Poitou-Charentes nature, SOS rivières et environnement, deux associations de pêcheurs, la Confédération paysanne et l’UFC Que Choisir.
Le bassin versant de l’Orb est en alerte rouge début juillet pour la sécheresse. Les pluies de juin n’ont pas été suffisantes, les débits du cours d’eau sont insuffisants, notamment dans l’ouest du département de l’Hérault. Les nappes atteignent des records bas pour la saison. En même temps, les viticulteurs se plaignent de la salinisation des terres à l’embouchure de l’Orb. Le biterrois se plaint de remontées de sel dans les terres agricoles, en raison d’un déficit important en eau douce, un réseau de drainage mal entretenu. La faiblesse des cours d’eau impacte aussi le littoral. Le cycle de l’eau affiche ainsi la nécessaire cohérence à tous les étages de la gestion de la ressource.
Et c’est dans ce département que sont envisagées des retenues d’eau pour la viticulture !
Or, c’est le projet du département : des réserves d’eau dans l’Hérault pour récupérer et stocker l’eau du Rhône l’hiver pour irriguer les vignes l’été. Le département compte 78 000 ha de vigne pour une production annuelle de 4,7 millions d’hectolitres de vin (1ère place nationale de production). Il est prévu d’étendre le réseau d’irrigation de plus de 20 000 ha. Sur des territoires peu autonomes sur le plan alimentaire, mobiliser cette ressource pour des cultures non alimentaires pose question.
Les retenues hivernales sont bien des bassines, même s’il s’agit de l’eau superficielle (de surface, donc des rivières). Ce ne sont pas des retenues collinaires alimentées par le ruissellement pluvial. Trois retenues sont prévues dans un premier temps (Florensac, Coulobres et Magalas), quatre autres plus tard. Pourtant, de plus en plus de viticulteurs vont bien au-delà de l’agriculture biologique et adoptent des pratiques agro écologiques. Ils ont tendance à ne pas arroser, ou très peu. La vigne est une plante relativement résistante au stress hydrique, n’était pratiquement pas irriguée par le passé.
En Provence, la vigne et l’olivier, ça ne s’arrose pas, tranche le viticulteur, qui choisit méticuleusement ses cépages, adaptés à l’aridité de la région. Seule exception, les 3 ha nouvellement plantés, pendant leur première année, irrigués manuellement trois fois. Le problème, EDF qui balance de l’eau en pagaille avec des effets dévastateurs pour les eaux salées de l’étang de Berre. Plusieurs centaines de personnes ont exigé l’arrêt du gaspillage d’eau douce.
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