Après une récente étude montrant l'étendue de la fracture sanitaire selon les départements, l’UFC Que Choisir vient de publier (sur quechoisir.org) une nouvelle étude qui alerte sur les conséquences immédiates et à moyen terme de la baisse massive des possibilités d’accès aux médecins et aux soins.

Premier constat : l'engorgement des urgences n'est pas la faute des usagers. C’est l’état de l’offre de médecine de ville qui a un impact mécanique et important sur la fréquentation des services d’urgences. Notre analyse montre qu’une diminution de 1 % de la densité des médecins libéraux dans un département augmente jusqu’à 0,6 % l’activité de ses urgences sur le court terme, et jusqu’à 0,9 % sur le long terme.

Deuxième constat : l’offre de médecine libérale, déjà atone, va baisser de l’ordre de 5 % d’ici 2030. Le corps médical vieillit entrainant des arrêts d’activité. Notre étude montre que les départements les moins bien dotés en généralistes libéraux sont souvent ceux où la moyenne d’âge des praticiens est la plus élevée. Cette situation est d'autant plus déplorable qu'elle provoque un creusement des inégalités d'accès aux soins selon les territoires qui persistera tant que le dogme de la totale liberté d’installation des médecins ne sera pas remis en cause.

Troisième constat : la politique de formation des médecins est encore défaillante. Depuis 2020 le nombre d'étudiants en première année a augmenté. Mais l'importance des échecs en fin de cette première année (65%), ainsi que dans les autres années, est largement due aux capacités d'accueil limitées des facultés et à la dégradation des conditions d'apprentissage des futurs médecins.

Au vu de ces constats, l’UFC-Que Choisir, soucieuse de permettre à tous les usagers l’accès à un système de santé répondant à leurs besoins, demande aux ministres de la Santé et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche :
  • de bien mieux coordonner la médecine hospitalière et la médecine de ville pour organiser permanence et continuité des soins pour la population ;
  • d’augmenter les capacités de formation des facultés de médecine, pour répondre aux besoins de la population d’ici 10 ans ;
  • de piloter la formation pour prioriser les spécialités et les régions où la démographie médicale est la plus insuffisante par rapport à la demande de soins.