L’ouverture de cabines de téléconsultation dans deux Monoprix en 2021 a fait sortir l’Ordre des médecins de ses gonds. Plus récemment, c’est l’organisation d’examens d’ophtalmologie à distance à partir de magasins d’optique Afflelou qui a défrayé la chronique. Au-delà de ces événements, les cabines s’installent discrètement mais sûrement un peu partout sur le territoire : maisons de santé pluriprofessionnelles, mairies, grandes surfaces, magasins d’optique, et surtout en pharmacies. Ces cabines sont équipées d’instruments de mesure connectés : dermatoscope, otoscope (pour tympans et de la gorge), stéthoscope, tensiomètre, thermomètre, promettant ainsi un examen plus complet que celui fait derrière l’écran d’un ordinateur personnel.

L’objectif est de pallier le manque de médecins. Bonne ou mauvaise idée ? Ce dispositif permettra-t-il vraiment de rétablir un bon accès aux soins, en pleine crise de la démographie médicale, telle que nous l’avons montré dans notre récente enquête ? Ou n’est-ce qu’un palliatif ouvrant grand la porte à une médecine au rabais ? Le débat est vif, d’autant que le système, trop récent, n’a pas encore fait l’objet d’une évaluation. Les usagers en sont plutôt satisfaits. Les médecins ont des avis très partagés sur ce dispositif, selon qu’ils ont été associés ou pas à son installation.

Les critères de prise en charge d’une téléconsultation sont complexes. L’Assurance maladie rappelle qu’un tel rendez-vous doit être assuré par le médecin traitant déclaré. L’exception n’est possible qu’en l’absence de médecin traitant, de délais de rendez-vous trop longs ou en situation d’urgence. Même à ce stade, la Sécurité sociale exige que la téléconsultation se fasse dans le cadre d’une organisation coordonnée territoriale de télémédecine. Côté tarif, si vous faites le choix d’une téléconsultation dans l’un de ces équipements avec un médecin généraliste conventionné en secteur 1, vous aurez droit à la même prise en charge que pour une consultation classique. Gare, cependant, aux défauts d’information sur les tarifs et les honoraires. C’est ce qui était ressorti de la première enquête de la répression des fraudes en avril 2021 : « défauts d’information sur les tarifs et les honoraires » et plus grave, « pratique commerciale trompeuse telle que la présentation confuse d’un service de téléconseil qui, lui, n’est pas pris en charge par l’assurance maladie ».

Enfin, un des enjeux consiste à être informé de l’implantation d’un tel équipement à proximité de son domicile ou de son travail. Pour l’instant, seules communiquent les structures qui ont installé ces équipements.