Qui peut se passer de son téléphone, de sa tablette, de son PC ?

Cet outil est devenu tellement présent dans nos vies, tellement indispensable que les salariés ont finalement obtenu un droit à la déconnexion afin que leur travail ne les poursuive pas pendant leur temps de repos.

Cet écran magique est aussi devenu un baby-sitter pratique. Il est de plus difficile de demander à un enfant de poser la tablette quand les parents y sont scotchés.

Mais alors que, comme pour toutes les addictions, les adultes peuvent réguler (ou trouver les moyens de se faire aider), les enfants et jeunes ados n’ont pas ces capacités.

D’où l’importance de comprendre les effets des écrans (à la fois la lumière, les ondes émises et les contenus consultés) sur des organismes et des intellects en construction.

 
Combien de temps passe-t-on devant les écrans ?
Il semble qu'une nette tendance se dessine ces dernières années : le temps moyen passé sur les écrans (télévision, ordinateur, console, tablette et smartphone) avoisine les 3 heures par jour. Ces chiffres peuvent rapidement monter le week-end.

Actuellement, un Français adulte passe en moyenne cinq heures par jour derrière un écran et consulte quotidiennement 221 fois son téléphone.

 
Qu'est-ce qu'une addiction aux écrans ?
Le temps passé devant les écrans avoisinerait plusieurs dizaines d'heures par semaine. C'est d'ailleurs le deuxième motif de consultation médicale après le cannabis. On parle de pratique invasive, voire addictive, au-delà de 5 heures par jour, soit 35 heures par semaine ! « Mais tout dépend de la façon dont c'est vécu ». En effet, les critères de l'addiction sont : le sentiment de perdre le contrôle de sa conduite quand le désir et le besoin l'emportent sur la raison ; un retentissement négatif sur la vie sociale, personnelle ou professionnelle ; et la souffrance qui en résulte. Par exemple, « 80 % des cadres se connectent plus de dix fois par jour à des sites d'information en continu et 90 % d'entre eux se déclarent ensuite anxieux et démoralisés ».

À chacun, donc, d'évaluer l'impact de sa pratique.

 
Une addiction aux écrans ne signifie pas que l’on maîtrise l’utilisation de l’informatique ! 
L'utilisation de l'informatique à l'école est encore très insuffisante et l'Académie des sciences prépare d'ailleurs un programme d'enseignement qui devrait permettre de la relancer sur de nouvelles bases. Il est très important d'enseigner dès l'école primaire l'histoire des technologies numériques et l’utilisation des systèmes informatiques.
 
A partir de quel âge peut-on laisser un enfant en autonomie avec les écrans ?
A partir du moment où il va devenir capable de mesurer le temps qu'il passe, donc quand il saura repérer les minutes et les heures sur une pendule et, d'autre part, à partir du moment où il se révélera capable de raconter quelque chose de ce qu'il a vu.

Avec une supervision, un contrôle des adultes, et une limite dans le temps.

 
L'addiction aux écrans peut-elle cacher autre chose ?
Une hyperconnexion aux écrans peut cacher ou révéler d'autres addictions, même éloignées de l'usage des outils numériques, comme la surconsommation d'alcool ou de médicaments psychotropes.

Parler des écrans est parfois le moyen d'évoquer d'autres soucis de dépendance.

Souvent les écrans jouent un rôle de catalyseur, et notamment Internet avec les jeux en ligne (83 % des utilisateurs ont plus de 18 ans !), les sites pornographiques, les achats en ligne ou les réseaux sociaux.

Achats compulsifs, sexualité, jeux d'argent... peuvent alors devenir une véritable addiction.

 
Accro aux écrans ? La pause s'impose
Depuis le 1er janvier 2019, chacun a droit à la pause numérique dans son entreprise. C'est dire si les effets néfastes du "toujours connecté" sont pris au sérieux.

Mieux gérer notre lien aux portables qui ont envahi notre quotidien devient vraiment important : en effet, nous sommes de plus en plus avalés par nos smartphones, ordinateurs ou tablettes.

On les met en veille ? Pas si simple... D'abord, les obligations professionnelles retiennent beaucoup d'entre nous au-delà des heures de travail. Ensuite, nous y passons de plus en plus de temps pour nos loisirs et notre plaisir. À tel point qu'il s'avère parfois difficile de résister à la tentation de surfer à toute heure.

 
Qu'en pensent les médecins ?
Passer des heures devant des écrans n'est pas encore considéré comme une véritable addiction sur le plan médical, mais certains experts parlent quand même d'addiction comportementale, alors que le temps passé devant pour les besoins du travail est plutôt ressenti comme une contrainte (on parle alors de « work-aholisme », autrement dit de dépendance au travail, ce qui est une autre histoire).

Quels sont les effets possibles sur la santé psychique ? Une conduite addictive peut entraîner un sentiment de vide lorsque les écrans sont coupés, ou un mal-être et de la culpabilité quand on est trop longtemps devant. Cette addiction fait aussi monter l'anxiété, les troubles de l'humeur et l'hyperactivité.

Mais il reste difficile de faire la part des choses entre la responsabilité des écrans dans l'apparition de problème de ce genre, et celle de pathologies psychiques préexistantes favorisant justement cette addiction. Une association entre les deux a, en tout cas, été constatée. Autre problème : l'isolement social que les écrans aggravent, faisant augmenter les risques dépressifs.
 
Pour les adolescents, le niveau moyen de consommation est-il problématique ?
On peut vraiment parler d’épidémie chez les adolescents ; c’est un problème majeur de santé publique. La littérature dans son ensemble indique notamment des effets délétères des écrans sur la concentration. Quels que soient le contenu et le support, le cerveau n’est pas conçu pour de telles sollicitations exogènes.

Un grand nombre de travaux montrent des risques accrus de dépression, d’anxiété, de suicide, liés au temps d’écran.

Enfin, les écrans contribuent aussi à la diffusion de contenus à risque sur la drogue, le tabac ou la sexualité. Pour les adolescents, cela prend entre 40 % à 50 % du temps de veille ;

Une des atteintes majeures porte sur le sommeil.

Selon les dernières statistiques, la majorité des adolescents sont en dette de sommeil – activité fondamentale. Pour une large part, cette dette est liée à l’usage numérique qui décale l’heure du coucher (il faut bien prendre quelque part le temps offert aux écrans) et retarde l’endormissement (la lumière émise par les écrans perturbe la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil). Et sur la santé physique ?

Quand la posture est mauvaise, des douleurs peuvent apparaître au niveau du cou, du dos, des épaules, des coudes ou des poignets. L'alimentation s'en ressent aussi : les uns sautent des repas, les autres mangent trop et la plupart grignotent.

Le sommeil n'est pas en reste, en cas d'hyperstimulation au coucher due, par exemple, à une consultation tardive des mails. D'autant que la sécrétion de mélatonine est perturbée par la lumière bleue qu'émettent les lampes LED des écrans. Elle présenterait en effet un risque pour la rétine et favoriserait la DMLA précoce (dégénérescence maculaire liée à l'âge). C'est prouvé in vitro comme sur l'animal, et l'on a tout lieu de penser que c'est vrai également chez l'homme.

Il est conseillé de limiter son exposition aux écrans et de mettre un filtre qui arrête 20 % du rayonnement ».

Deux heures par jour d’exposition aux écrans serait un maximum. Moins pour un smartphone et un peu plus pour un ordinateur tenu à plus de 50 cm, car plus la source est éloignée, moins la lumière pénètre dans l'œil.

L'Académie américaine de pédiatrie (AAP) s'est penchée sur l'usage des appareils à écrans chez les plus jeunes, et ne cache pas son inquiétude.

En résumé : "Les enfants d'aujourd'hui grandissent immergés dans un monde d'écrans, ce qui a des effets positifs, mais aussi d’importants effets néfastes sur le développement." 

 
Les pédiatres rappellent d'abord les effets néfastes des écrans
les constats suivants :

  • Les enfants de moins de 8 ans passent de moins en moins de temps devant la télévision (de 2,24 heures quotidiennes en 2002 à 1,59 heure en 2012), concurrencée par les plateformes de streaming comme YouTube et Netflix.
  • 75% des adolescents possèdent un smartphone, qui leur permet d'accéder à internet, de regarder des vidéos, et d'interagir avec des applis. 91% d'entre eux se connectent depuis des appareils mobiles (téléphone, tablette), si bien qu'un quart des ados est décrit comme "constamment connecté" à internet.
  • 76% des adolescents utilisent au moins un réseau social, et Facebook demeure le plus populaire. Même si 70% d'entre eux disposent d'un "portefeuille de réseaux sociaux", incluant en plus Snapchat, Twitter et Instagram et maintenant le réseau chinois Tik Tok devenu très populaire chez les ados.
  • Quatre foyers sur cinq disposent d'un appareil utilisé pour jouer aux jeux vidéo. Les « gamers » sont surtout les garçons, 91% disant avoir une console de jeux et 84% jouer à des jeux sur leurs téléphones.

L'AAP souligne que le temps passé sur les écrans ne cesse de croître, et ce dès le plus jeune âge. Les effets néfastes répertoriés sont : obésité , dépression, troubles du sommeil, échec scolaire, exposition précoce à l'alcool, au tabac et au sexe, problèmes relationnels.

 
Lutter contre l’addiction aux écrans, quelques mesures préventives

Prévoir des temps de déconnexion.


L’Association Américaine de Pédiatrie (AAP) préconise :

  • Eviter toute utilisation d'écrans pour les enfants de moins de 18 mois, autres que les applications de tchat.
  • Préférer les programmes de haute qualité pour introduire les écrans auprès des enfants de 18 à 24 mois, toujours en les accompagnant pour leur expliquer ce qu'ils voient.
  • Imposer des limites de temps : 1 heure d'écran par jour maximum pour les enfants de 2 à 5 ans, en les accompagnant pour comprendre ce qu'ils regardent, et guère plus au-delà. S'assurer que les écrans ne réduisent pas le sommeil, l'activité physique ou les autres comportements essentiels à la santé.
  • Instaurer des moments et des lieux "sans écran", comme le temps du dîner, de la route en voiture ou la chambre à coucher.
  • Répéter les discussions sur la citoyenneté et la sécurité des échanges en ligne, aussi bien sur le respect des autres que la protection de sa vie privée.

Exit donc l'usage de la tablette pour calmer l'enfant et avoir la paix. Adieu aussi le smartphone utilisé toute la nuit par l'ado, désormais assujetti à un "couvre-feu".

L'AAP met également en garde contre "l'écran passif", c'est-à-dire celui qui reste allumé même si personne ne le regarde. "L'enfant construit ses repères spatiaux dans les interactions avec l'environnement qui impliquent tous les sens", explique un pédiatre de l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).

"Nous n'avons jamais eu autant de demandes de consultation pour des enfants, de plus en plus jeunes, avec des difficultés attentionnelles, des retards de parole-langage, des difficultés d'apprentissage…".

Ces troubles ont pour la majorité un dénominateur commun : l'exposition précoce et intensive aux écrans.

Consulter l’article sur le site de l’AAP.

 
En conclusion :
Pour limiter les effets nocifs de trop de temps d’utilisation des écrans, que ce soit pour les parents ou pour les enfants et jeunes adultes, on peut :

  • recréer des temps d’échange en famille ;
  • proposer et partager des activités culturelles, sportives, ludiques ;
  • imposer des contrôles et des filtres parentaux sur les appareils utilisés par les enfants et ados ;
  • aborder franchement les dangers liés à l’utilisation d’internet : en effet, indépendamment du temps passé devant les écrans, il y a la question des contenus, du captage de nos données personnelles et de l’utilisation commerciale qui en est faite, les enfant étant moins sensibilisés et moins prudents (en théorie du moins) que les adultes.