Sommaire :

1- Augmentation des prix du gaz et de l'électricité.

2- Report de notre achat groupé d'énergie.

3- Quelles mesures pour réduire la facture des ménages.

4- Que faire face à ces hausses ?

 
1 – AUGMENTATION DES PRIX DU GAZ ET DE L’ELECTRICITE
Depuis plusieurs mois les prix du gaz s’envolent et ceux de l’électricité devraient suivre. Traduction pour les ménages : une augmentation du tarif réglementé du gaz qui depuis le début de l’année a augmenté (tarif HT) de 32% après une relative stabilité depuis six ans et des baisses significatives en 2016-18 et 2020, cette dernière étant le résultat d’une moindre demande du fait du ralentissement économique dû à la pandémie de covid-19. Depuis le début 2021 ce tarif réglementé (qui doit disparaitre en juin 2023) a subi plusieurs hausses, notamment 10% en juillet, 9% en septembre, et 12,6% en octobre !

A quoi est du cette brusque augmentation ? Le gaz que nous consommons est dans sa quasi-totalité importé d’Algérie, Norvège ou Russie. Il est donc dépendant des cours mondiaux qui, comme le montre la courbe ci-dessous ont explosé depuis un an.

Comme le tarif réglementé est indexé sur l’évolution des cours mondiaux, l’augmentation de l’un entraine celle de l’autre. Il est révisé chaque mois par la CRE (Commission de Régulation de l’Energie) suivant l’évolution des coûts d’approvisionnement (donc principalement des cours mondiaux) en fonction d’une formule définie tous les ans par arrêté tarifaire. Il est à craindre que ces hausses se poursuivent quelques mois avant, espérons-le, une détente lors du premier semestre 2022. La croissance des cours mondiaux a plusieurs origines :

  • Une demande de gaz en hausse due à la reprise économique suite à la pandémie.
  • La reconstitution de stocks qui étaient au plus bas et doivent être impérativement reconstitués avant l’hiver.
  • Des difficultés de certains producteurs (Norvège notamment) à augmenter leur production et des considérations géopolitiques notamment avec la Russie qui, pour contraindre l’Europe à accepter son gazoduc Nord Stream 2, projet très controversé, a réduit ses exportations alors qu’elle était le principal fournisseur de l’Union européenne en 2019.
  • Des conséquences de la transition énergétique : remplacement des centrales au charbon par celles au gaz et augmentation du coût du CO2 que doivent payer les producteurs et qui a quasiment doublé depuis un an.

Quant au prix de l’électricité, si on s’intéresse d’abord au coût du MWh sur les marchés, on observe pour 2020 et 2021 un comportement similaire à celui du gaz : une forte baisse en 2020 suite au ralentissement économique dû à la pandémie suivie d’une hausse conséquente depuis le début 2021.

Le tarif réglementé de l’électricité (TRV) est lui aussi fixé par la CRE et révisé deux fois par an au 1er août (+0.48% le 1er août 2021) et au 1er février (+1.61% le 1er février 2021) en fonction d’une formule complexe qui prend notamment en compte l’évolution des couts d’acheminement (transport et distribution) et des coûts de fourniture. Ces dernières années c’est surtout l’augmentation des coûts d’acheminement qui explique celle du TRV. Depuis le 1er janvier 2010, et en prenant en compte la dernière hausse du 1er février 2021, le TRV a augmenté de 39,6 %. Cette hausse est d’autant plus impressionnante qu’elle est plus de trois fois supérieure à celle de l’inflation sur la même période (12,4 %).

Résultat : une facture annuelle d’électricité tout compris (fournitures, acheminement et taxes) qui a augmenté pour un client moyen avec un chauffage électrique de près de 50% en 10 ans !

La  prochaine révision du TRV en février 2022 va prendre en compte la croissance du coût de l’électricité sur le marché de gros et nous a conduit en appliquant les règles de la CRE à l’estimer de l’ordre de 10% et à alerter les pouvoirs publics en leur demandant de mettre en œuvre un certain nombre de mesures pour réduire l’impact sur le budget des ménages.

La reprise économique et la demande d’électricité qui l’accompagne contribuent comme pour le gaz à l’envolée des cours mondiaux. S’y rajoute le fait qu’une part de l’électricité est produite à partir de centrales au gaz ainsi que les coûts du CO2. Par contre, à la différence du gaz que nous devons importer, nous produisons sur notre territoire la totalité de l’électricité que nous consommons et, qui plus est, pour 90% à partir de sources d’énergie décarbonnées (nucléaire, hydraulique, éolien et solaire). On comprend donc difficilement  pourquoi, à la différence du gaz,  le coût de l’électricité en France très peu dépendant de matières premières dont les prix explosent (gaz, charbon, petrole) devrait suivre. Les raisons sont à rechercher tout d’abord dans la formule d’indexation du TRV qu’applique la CRE mais aussi, et de manière plus complexe, dans le mécanisme de régulation du marché mis en place avec l’ARENH (Acces Régulé à l’Energie Nucléaire Historique) qui oblige EDF à vendre une part de son électricité d’origine nucléaire aux fournisseurs alternatifs. Pour mieux comprendre ce dispositf vous pouvez consulter cette étude de l’UFC Que Choisir et les propositions qui en résultent.

Ces hausses vont-elles se poursuivre dans les mois à venir ? Difficile de prédire l’avenir mais la plupart des économistes semblent s’accorder sur un retour à une certaine stabilité et à un nouvel équilibre dans le courant du premier semestre 2022. Les prix du gaz devraient alors repartir à la baisse comme souvent à la sortie de l’hiver… mais cette baisse effacera-t-elle les hausses de 2021 ? Il devrait en être de même, mais plus faiblement, pour l’électricité. Ceci dit des facteurs de hausse vont perdurer notamment les mesures mises en place pour accélerer la transition énergétique et lutter contre le réchauffement climatique.

 
2 – Report de notre achat groupé d'énergie
L’envolée des prix du gaz et celui à venir de l’électricité ont impacté notre achat groupé de gaz et d’électricité et les enchères qui auraient dû avoir lieu le 21 septembre. Ces enchères portaient sur trois lots (deux d’electricité dont un de petits producteurs et un de gaz) pour des contrats à tarif fixe pendant un an à un coût inférieur aux tarifs réglementés.

Malheureusement les propositions reçues par les fournisseurs participant aux enchères étaient loin de répondre à nos attentes. En cause, l’envolée des prix sur les marchés qui rend très frileux les fournisseurs pour s’engager sur un tarif fixe même pendant un an et les rares offres reçues étaient supérieures aux tarifs règlementés. Les comparateurs de prix (celui de l’UFC Que Choisir comme celui du Médiateur de l’Energie) ne proposent pour les tarifs les plus compétitifs que des offres indexées sur les tarifs règlementés, les quelques offres à tarif fixe l’étant avec des prix prohibitifs

Dans ces conditions il nous a paru plus raisonnable de reporter nos enchères inversées dans le courant du premier semestre 2022 et de prolonger la phase d’inscription jusqu’au 31 janvier 2022.

Fin septembre 227 000 personnes sont déjà inscrites dont un peu plus de 4000 dans l’Hérault et 18500 en Occitanie.

 
3 – Quelles mesures pour réduire la facture des ménages ?
Les coûts de l’énergie pèsent de plus en plus sur le budget des ménages, notamment les plus précaires, qui, de plus, doivent faire face à des coûts de chauffage élevés dans des logements mal isolés. Pour atténuer l’impact des hausses en cours et de celles à venir le gouvernement a déjà accordé un chèque énergie supplémentaire de 100 € en fin d’année aux ménages éligibles mais cela ne compensera qu’en partie pour la plupart d’entre eux la hausse de leurs factures et n’apportera rien aux ménages non éligibles.

D’autres mesures sont possibles et ont parfois étaient mises en œuvre dans des pays voisins.

Les factures de gaz et d’électricité peuvent être décomposées en trois parts presque égales : la fourniture, l’acheminement et les taxes. Les taxes constituent donc une part non négligeable de la facture et incluent :

 - des taxes specifiques au gaz (TICGN et CTA) et à l’électricité (CSPE, TCFE, CTA). Pour en savoir plus sur chaque taxe consultez notre fiche sur ce sujet.

 - et la TVA qui s’applique non seulement sur la fourniture et l’acheminement via une TVA de 5,5% sur le montant de l’abonnement et de 20% sur le coût du kWh mais aussi sur les taxes spécifiques avec une TVA de 20% . On a donc une taxe sur les taxes !

Pour réduire l’impact de la hausse des coûts en jouant sur le montant des taxes le gouvernement a deux possibilités :

  • Réduire le taux de TVA de 20% sur la fourniture considérant l’énergie comme un produit de première necésssité comme l’a déjà fait par exemple l’Espagne.
  • Réduire certaines taxes comme la TICGN et la TCFE.
  • Supprimer une aberration que nous dénonçons depuis de nombreuses années : la TVA sur les taxes ! Nous vous invitons à signer la pétition en ce sens « TVA sur les taxes énergétiques – Halte à l’escalade fiscale » qui nous parait tout particulièrement d’actualité !

Une autre mesure concerant l’électricité peut être mise en œuvre : augmenter le plafond de l’ARENH de 100 à 150 TWh, c’est-à-dire la quantité d’électricité qu’EDF doit vendre aux fournisseurs alternatifs à 42 €/Mwh ce  qui réduira mécaniquement les achats de ceux-ci sur le marché de gros et l’augmentation du TRV.

 
4 - Que faire face à ces hausses ?
Concernant le gaz, les ménages qui sont au tarif réglementé ou à un contrat libre indexé sur le tarif règlementé subissent mécaniquement les variations de ce dernier. Ceux qui sont à un tarif fixe sont pour l’instant protégés jusqu’à la fin de leur contrat. C’est par exemple le cas des ménages ayant souscrit à notre achat groupé de 2019 mais ce contrat chez Ekwateur va arriver à échéance dans le courant du dernier trimestre 2021. Ils devront alors soit rester chez Ekwateur avec un nouveau contrat avec des tarifs revus nettement à la hausse… soit rechercher un contrat plus favorable chez un autre fournisseur.

Concernant l’électricité, la situation des ménages est identique à celle pour le gaz sauf que la hausse du tarif réglementé n’interviendra qu’en février 2022. Ceux à un tarif fixe (comme ceux ayant souscrit notre offre chez Ekwateur ou Plum suite à notre achat groupé de 2019) vont se voir proposer de nouvelles offres à l’échéance de leurs contrats avec des tarifs revus sensiblement à la hausse.

Notre premier conseil est donc de surveiller les différentes offres disponibles et leurs tarifs sur notre comparateur ou celui du Médiateur de l’énergie.  Elles ont été complètement chamboulées ces derniers mois et des fournisseurs qui étaient très compétitifs ne le sont plus. Les offres à tarif fixe ont quasiment disparues (ou sont à des tarifs élevés). Ne restent que des offres indexées sur le TRV où sur les cours du marché de gros. Nous vous déconseillons celles indexées sur le marché de gros qui vous exposeraient à des variations de coût trop importantes. Mieux vaut alors privilégier les offres les plus intéressantes indexées sur les  tarifs réglementés. Soyez très vigilants sur les règles d’indexation !

Deuxième conseil : si ce n’est dèjà fait vous inscrire à notre achat groupé dont la période d’inscription a été prolongée jusqu’au 31 janvier 2022. Nous espérons qu’une détente sur les marchés dans le premier trimestre 2022 nous permettra d’obtenir à nouveau des offres à tarif fixe sur un an compétitives.

Rappelons que quel que soit votre contrat de fourniture vous pouvez à tout moment changer de fournisseur très simplement sans frais et sans interruption de fourniture.

Enfin essayez de réduire autant que faire se peut  votre consommation d’énergie. Pour cela vous pouvez consulter notre fiche sur ce sujet.